Les protagonistes de la guerre de 1870
Je suis obligé de commencer par un grand stratège qui a surtout participé à la révolution intellectuelle de l'art de la guerre dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Avec lui se met réellement en place une organisation, un système de mise en cohérence de la volonté du chef et des capacités des unités. Rappelons qu'il met en oeuvre cette approche presque scientifique de gestion de la complexité dans ce que l'on qualifierait aujourd'hui "d'engagement inter-allié": en 1870 les Prussiens combattent aux côtés des Bavarois et des Saxons, leurs anciens adversaires. Mais commençons par un peu de stratégie:
L’élaboration de l’art de la guerre prussien.
En 1870, la Prusse est devenue un Etat puissant, capable de créer un Empire, fondé sur une maîtrise inégalée de l’art de la guerre. Pourtant de 1815 à 1866, la Prusse ne participa à aucune guerre européenne et n’acquis aucune expérience de grande envergure. Les combats que l’armée prussienne mena en 1848 et 1849 par exemple n’eurent pas l’ampleur des campagnes menées pendant la même période par les Français, les Britanniques et les Austro-Hongrois, en Italie ou en Crimée.
La supériorité dont fit montre la Prusse provient donc uniquement de l’observation des conflits, de la réflexion sur la conduite de la guerre et d’une réorganisation de son système de commandement. Ceci était concrétisé d’une part par un entraînement permanent des troupes d’actives et d’autre part par la mise sur pied d’une force de seconde et troisième ligne, la Réserve et la Landwehr / Landsturm, qui permettait d’envisager une campagne dans la durée .
La construction de l’identité militaire et de l’art de la guerre prussiens se fonde sur l’appropriation de la vision et des actions de Frédéric le Grand, Napoléon Bonaparte (avec les batailles de Iéna et Leipzig) et bien sûr Scharnhorst et Gneisenau. Ces deux derniers contribuèrent à la réforme de l’armée prussienne la faisant évoluer d’une armée de mercenaires à une armée à caractère national, fondée sur le principe de la conscription générale. Surtout, ils envisagèrent l’art de la guerre comme l’association raisonnée de la pensée et de la philosophie avec l’action. A cet effet, la création d’états-majors généraux constitua la concrétisation la plus frappante de cette nouvelle école. Certes les états-majors existaient dans d’autres armées mais Scharnhorst leur donna une autre dimension : habitués à la planification et entraînés au travers des Kriegspiel, les états-majors se dotèrent d’une capacité d’initiative et d’autonomie qui démultipliait leurs capacités.
C’est dans ce contexte que Moltke tira et développa ses idées.
Moltke
Il s'engage dans l'armée danoise puis, en 1822, dans l'armée prussienne. De 1835 à 1839, il sert comme conseiller pour les troupes de l'Empire ottoman.
Il devint chef du grand état-major en 1857 et réorganisa entièrement l'armée, en accord avec Otto von Bismarck.
Il est général en chef lors des guerres des duchés, contre l'Autriche (voir bataille de Sadowa) et contre la France (voir bataille de Sedan).
Excellent organisateur, il utilise les chemins de fer pour rassembler les armées et assurer leur ravitaillement. Il écrit des livres sur ce sujet, poursuivant ainsi les travaux de Carl von Clausewitz, dont son fameux Testament .
Il insiste pour que l'Allemagne annexe l'Alsace et la Moselle.
Guillaume Ier le fit comte en 1871.
De 1871 à 1891, il est membre du Reichstag, le parlement allemand.
Helmuth von Moltke abandonna ses fonctions militaires en 1888. Il écrivit de nombreux ouvrages de stratégie et une histoire de la guerre de 1870-1871.
Son neveu, Helmuth Johannes Ludwig von Moltke (1848-1916), sera chef d'état-major de l'armée allemande, de 1906 à 1914.
Note: l'ensemble des textes de cette page sont des textes originaux