L'exemple de l'Illustration et de son complément, la Guerre Illustrée
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’Illustration est un journal qui subit une forte concurrence et des difficultés financières. Dès lors, il s’agit de gagner des abonnés pour assurer un tirage suffisant au journal. Son directeur, Auguste MARC, chercha par tous les moyens à se démarquer de la concurrence en créant de suppléments à thèmes. La mode en sera un.
Mais l’actualité va devenir génératrice de revenus. Dès janvier 1870, alors que les relations se dégradent de plus en plus avec la Prusse, l’Illustration gagne plusieurs centaines de nouveaux abonnés. Quelques mois plus tard, la défaite des armées françaises et le début de l’encerclement de Paris conduisent la direction de l’Illustration à envisager soit son maintien à Paris ou soit son transfert en la province. Auguste MARC décide de rester à Paris, tout en sachant qu’il ne pourra guère approvisionner que ses abonnés parisiens, les liaisons avec la province étant coupées. Le tirage sera donc strictement adapté, afin de faire durer les stocks de papier. De 24 pages, l’Illustration tombe à 8 pages.
Au même moment, Auguste MARC pressent que le besoin d’information d’une partie de la population parisienne qui ne lit pas l’Illustration, réputée trop chère peut être satisfait à peu de frais : il décide de lancer La Guerre Illustrée.
Editée bi hebdomadairement, elle traite de l’actualité et réutilise pour cela les documents iconographiques de l’Illustration. Le succès est immédiat parmi une population avide d’informations et de faits de guerre, susceptibles de conforter son moral et son opinion. Certains tirages atteindront parfois jusqu’à plus de 50 000 exemplaires.
La fin du siège de Paris arrive à point nommé pour l’hebdomadaire au bord de l’asphyxie financière. Le rétablissement du courrier avec la province va permettre de servir des abonnés provinciaux fortement demandeurs de nouvelles : des réimpressions de numéros parus pendant le siège leur sont même expédiées. Auguste MARC voit même affluer plusieurs milliers de nouveaux abonnés.
L’Illustration et la Guerre illustrée seront ainsi deux vecteurs de circonstances de l’état d’esprit d’une population parisienne jusqu’au-boutiste mais subissant des conditions de vie très éprouvantes. Tout est mis en œuvre pour promouvoir l’esprit de défense nationale, exalté par les témoignages des combattants et l’exemple des héros.